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Hier, j'ai acheté deux pulls verts, c'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup. Déjà, parce que bon, je déteste le vert, mais je sais pas, c'était comme une espèce de pulsion, je ne m'appartenais plus, fallait que je les achète. Ensuite, je n'avais pas acheté un vêtement de couleur depuis environ 10 ans. Je ne porte que du noir, c'est comme ça, c'est pas une question de look, j'ai aucun look, la mode me fait chier et les magasins de fringues me donnent des boutons.
Ce matin, éperdue de bonheur, je mets un des pulls verts, tout en dansant sur le dernier immondice d'Indochine (un odieux plagiat d'"Un jour en France" de Noir Désir, rhirhirhi, fallait que je la place, celle-là).

A midi, j'avais rendez-vous pour déjeuner avec une copine d'habitude toujours surbookée, entre son agenda de ministre et son lardon. J'ôte mon manteau, elle s'extasie sur mon pull vert, pas parce qu'il est beau, mais parce qu'il est vert, tu mets du vert, comme c'est incroyable, c'est merveilleux, ça te va si bien, c'est fou, du vert, je t'avais jamais vue en vert, etc...

On mange (dans un endroit très distingué, parce que bon, ma copine, c'est un peu un remake de Nadine de Rothschild), on discute, puis on prend un café.
Je lui raconte des trucs de ma vie de Lna, et, d'un coup, alors que je terminais une phrase, elle me crache son café dessus dans une jolie gerbe colorée.
Elle s'excuse en m'expliquant que, y'a pas à dire, je suis vraiment trop drôle, et que, comme elle rigole pas trop dans sa vie en ce moment, ben, voilà, quoi.
Le café 1 - mon pull vert 0.

Je vends donc deux pulls verts, dont l'un est délicatement moucheté, taille S, avec un col en V et des manches 3/4, 5 euros l'unité.

La couleur, c'est le mal.