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mercredi 9 mars 2005

Lna et les garçons 

Faut que je vous raconte... Cette année, le grand rut de printemps, le grand bordel des hormones a pris un peu d’avance. Je suis sortie plus souvent ces temps-ci, et entre les copains de Sophie et les rencontres pendant les after-work, on sent quand même bien que le taux de testostérone est à son maximum chez les mâles parisiens.
Je ne sais donc pas s’ils ont joué à un genre de jeu-concours pour lequel le vainqueur gagnerait entre une nuit et 25 ans de vie commune avec moi (pov’ gars), mais ils sont tous déchaînés.
Je ne comprends pas pourquoi ça se passe précisément maintenant, parce que je me trouve aussi attirante et aimable qu’un oursin neurasthénique.

Dans la série "Bien fait pour ma gueule", j’ai accepté de revoir hier soir F, un mec rencontré dans un genre de soirée et avec qui je m’étais déjà passablement ennuyée en tête à tête la semaine passée.
J’ai eu pitié de le voir ramer depuis une semaine, et malgré mes tentatives pour lui expliquer que non, décidément, on n’a rien en commun, il persévérait.
Ok. Je me suis dit, "Je le vois, je lui dis que c’est pas possible, et je me casse".
Au bout d’environ 1 heure de discussion pendant laquelle :
- il a regretté ma froideur et ma distance (je saute déjà rarement sur les mecs qui me plaisent...),
- je lui ai bien précisé que pour moi, un mec qui n’aime pas la musique, ni la peinture, bref, qui n’a rien à foutre de l’art en général et qui le revendique fièrement, c’est même pas la peine,
- il m’a parlé, sous la contrainte, de ses hobbies (philosophes stoïciens, plantes vertes, collection de minéraux... C’est vrai que quand tu me vois, tu te dis tout de suite que je suis une jardinière stoïque qui ramasse des rochers),
- je fixais la petite tache sur sa cravate JAUNE,
- il a fini par m’avouer qu’il était AVOCAT (bordel, c’est un complot international), chose qu’il n’avait pas osé faire, puisque j’avais donné mon avis sur cette profession lors de la première soirée,
- il m’a dit que j’étais originale et un peu farfelue (c’est sûr qu’il a pas l’air habitué, rien qu’au look, les gens ont dû se dire "Tiens, Morticia Adams a décidé de se taper Ernest-Antoine Seillière")

Je me suis levée alors qu’il était au beau milieu d’une phrase, en lui disant "Je rentre chez moi là, c’est l’heure", et devant son air outré "Mais on était en pleine conversation !!!", j’ai enfoncé le clou en lui disant que la philosophie m’emmerde au plus haut point, que je n’ai mis que deux semaines pour faire crever le citronnier qu’on m’a offert à Noël, et que les minéraux, j’ai pas d’avis dessus, tellement ça me semble impossible qu’on puisse les collectionner.
Voilà, comme ça, j’étais une conne intolérante et étroite d’esprit. Parfait.

Il a voulu m’embrasser avant que je ne parte, je lui ai tendu la joue, lui m’a proposé sa langue au fond du gosier, mais j’ai réussi à l’éviter avec un mouvement à la Keanu Reeves dans Matrix. Puis je suis partie en courant.

Merde, ils doutent de rien les mecs, mais c’est pas grave puisque j’en suis débarrassée.

Il ne m’a laissé que 6 messages sur mon portable aujourd’hui.

Et envoyé 2 mails.
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